Pour un premier montage d’exposition, Dorothée, Pierre et moi, nous sommes gâtés. Un
cadre de rêve, un petit parc de 175 ha seulement, où se côtoient des essences variées et les
sculptures de : Giuseppe Penone , Tony Cragg, Elisabet Balet, (j’ai faili rester embourbée
dans sa sculpture « Trait pour trait », une cage à fauve de 5 x 11,50 m), mais aussi : Marina
Abramovic, Richard Long, Markus Raetz, Richard Artschwager, Richard Long, Ulrich
Rückriem, François bouil on, Toni Grand, Eti enne Hadju, Jean Pierre Raynaud, Keith
Sonnier, Carel Visser, Harald Klingelhöler, Hreinn Fridfnsson, Harrel Fletcher & Corentn
Sénéchal, Ian Hamiltn Finlay, Malachi Farrel. Les promeneurs que nous sommes ont aussi
eu beaucoup de plaisir à découvrir sur les berges du lac, Marta Pan « parcours flottant n°1
et n°2 », « Le naufrage de Malevitch » de François Morelet, qui deviendra plus tard « le
naufrage de David » puisqu’il devait nous pêcher un brochet que l’on attend encore ! Et
touts ces autres oeuvres qu’il nous reste à découvrir dans ce parc enchanteur.
Après la visite du château, des écuries et de la bergerie aménagée en salle d’exposition,
nous attendons l’arrivée de la collection Sérralvès, (Port). Et là ! Oh déception ! Après avoir
déchargé toute la livraison et dispatchée celle-ci dans ses différents lieux, sous la baguette du
chef d’orchestre Monsieur Frédéric Paul, directeur du Centre d’art contemporain. Il nous faut
les laisser immobiles pendant 24h pour une question d’hydrométrie et attendre que la
convoyeuse arrive le lendemain soir. (Le père noël est passé et pas le droit de découvrir nos
cadeaux !!! Là, ça ne va pas du tout ! Vu les dommages provoqués par la frustration,
Antony (sous chef régisseur), Nathalie (médiatrice en chef) et Marianne (stagiaire de la fac
de Montpellier), ainsi que vos humbles serviteurs, nous avons du compenser, le soir venu,
dans note « petite masure », par une spécialité Bretonne...
Jeudi après midi nous découvrons, un à un, sous les multiples cartons, papiers bulles, et
autres protections comme papier de soie, tissu spécial plastifié, chacune des oeuvres qui
seront accrochées dans les 8 sales du château. Ignés (la convoyeuse tant attendue) vérifie
chaque pièce et note le moindre accro la reproduisant sur papier ou la photographiant. Son
classeur en main tout est passé au crible des fois qu’il y ait eu un assassinat pendant le
transport où le déballage !
Souvent les dessins et photo s sous verre ont en plus de larges bandes de scotch bleu qui
s’entrecroisent, collées sur le verre, occultant parti élément où totalement la création de
l’artiste. C’est en les enlevant délicatement qu’on fni par la découvrir. J’ai réalisé plusieurs
séries de photos de cet instant un peu magique comme une danse aux 1000 voiles ou pour
le coup... l’oeuvre se dévoile, se révèle. Il est évident que rien ne se fait sans gants de
protection et protection au sol ou couverture pour poser chaque encadrement ou toile. Le
plancher est si brillant, ciré, poli que c’est une vraie patinoire. OUPS !!!
Le vendredi soir à la bergerie et au château, tout était déballé. Nous avons même
commencé dans l’écurie à réaliser, d’après les instructions de l’artiste , l’installation de la
sculpture de Reiner Ruthenberg, Tas de cendre , 1968 Ignés est là pour nous guider. Nous
découpons dans un carton un rond d’un diamètre de 100 cm et dans ce trou nous fixons un
boudin. Le tout placé ensuite sur le sol, nous posons en son centre du gravier noir jusqu’à
obtention d’un cône qui doit faire 300 cm de diamètre sur 106 cm de haut.
Nous n’avons plus qu’à enlever le moule, rajouter les tasseaux de bois, ainsi qu’un peu de
gravier en son centre : ce qui n’était, au départ, qu’un tas de gravier devient une oeuvre
détentrice d’une force et d’une fragilité extrêmes. La deuxième sculpture de Michelangelo
Pistolleto se cachait dans 3 caisses. En fait elles contenaient chacune des briques
recouvert s de tissus usagés cousus (à la main) aux couleurs variées, unis, bariolés, brodés.
Chaque brique étant protégée par du papier/tissu, c’était comme me replonger le matin de
Noël quand je découvrais enfin mes cadeaux ! Nous avons monté un mur dont les
dimensions étaient précises, mais l’ordre aléatoire, c’est-à-dire que la disposition du
« patchwork » était à notre convenance. La même pièce sera remontée différemment dans
un autre lieu d’exposition.
Samedi Pierre et Marianne (l’autre stagiaire bretonne préparant son Master 2, sur le marché
de l’art en Chine, à la fac de Montpellier) sont en congé et en profitent pour voir leur famille.
J’avais découvert la veille en suivant les directives de l’artiste qu’un rapport plus intime avec
l’oeuvre existait, et que s ‘était établie l’idée de faire corps avec la sculpture. J’étais donc
très impatiente d’ouvrir la caisse contenant le feutre de Robert Morris (257x257x50cm), de
découvrir la technique d’instalation puisque ce ne sont que des bandes de feutre de 2,5cm
d’épaisseur. Chaque pièce est numérotée et nous suivons l’installation morceau par
morceau.
Mais si on fait corps avec la sculpture on peut la toucher, la manipuler, l’expérimenter, pour
ressentir, et trouver comment l’artiste a pu lui donner ce tombé là, cet e courbe ou ce pli ici.
En fait c’est un vrai plaisir pour moi de mettre en place cet e parte de l’exposition.
J’ai réalisé dans le cas de Robert Morris ainsi que pour des sculptures de Juan Muñoz et de
Reiner Rutenberg, qu’il a fallu les créer sur place sous la direction de la convoyeuse et les
instuctions de l’artiste. On participe quelque part à l’oeuvre, on la prolonge, une implication
physique « de corps à coeur » et d’un seul coup l’oeuvre devient plus intime.
Samedi soir, Dorothée et moi après avoir récupéré (grâce à Pierre) une voiture de location,
nous partons à l’aventure le coffre plein de couvertures car David nous a conseillé d’aller sur
la presqu’île de Crozon prés de Camaret. Après une nuit dans la voiture nous avons
découvert au pett matn la côt sauvage. Le paysage est si saisissant que nous en oublions
« nos côte s sauvages »!
Nous admirons le lever de soleil. La végétation couchée, battue par le vent nous offre un
tapis des plus moelleux où nous nous asseyons pour admirer les couleurs sur les falaises
striées de fissures. Les couleurs varient du marron rouge foncé au beige argenté selon la
luminosité et là sous nos pieds l’océan vient se jeter, s’échouer sur la falaise. Nous longeons
la pointe de la presqu’île découvrant ses nombreux visages.
Dorothée s’est fait un ami : un goéland qui la suit ou plutôt son pain aux raisins. Nous
décidons, après 4h d’éblouissement, de quand même aller au vil age pour un café bien
mérité. Nous avons repéré, tout de suite en arrivant la chapelle, les épaves de chalutiers et
autres bateaux en bout de quai. Nous y returnons dés que le café nous a réchaufées. Sur
la grève nous faisons des découvertes, que nous rapporterons à Nîmes. Petite visite de la
chapelle au passage et nous reprenons la voiture pour aller à l’ancien château du poète
Saint Pol Roux. Sur le chemin une centaine de dolmens nous attendaient. J’ai bien essayé
d’en ramener un mais après une nuit dans une voiture il me manquait, paraît-il un peu de
« Chouchen » la potion bretonne. Nous décidons de contnuer notre route pour le château de
Saint Pol Roux duquel il ne reste qu’une ruine et un dessin
retraçant l’ancienne demeure, et un des poèmes d’un homme qui
aimait cette terre et ses habitants.
Nous comprenons, tout de suite après avoir fait quelques pas dans son « château » qui se
trouve en haut d’une colline recouvert d’un épais tapis mousseux , vert tendre que l’on n’a
qu’une envie c’est de s’y allonger et d’écouter les bruits de cette nature qui nous entoure, car
la colline surplombe la mer avec une plage de sable fin.
Mais il nous faut déjà quitter ce petit coin de paradis pour retourner dans les terres.
Nous traversons un village, où nous découvrons la chapelle de Saint Marie du Menez Hom,
on y parle d’un ancien culte dédié à la déesse celte Brigitte et d’un trésor enfoui par des
moines en fuite ...Dorothée et moi avons décidé après avoir découvert ce trésor, de
l’ensevelir à nouveau, dans un souci de faire perdurer le mythe et l’excitation des
chercheurs.
Car dans la vie le plus important n’est pas de trouver, mais de chercher...Et puis nous n’en
n’avons pas besoin.
Notre seule inquiétude c’est de rencontrer sur note chemin
les terribles Korrigan : lutins danseurs ou chanteurs qui
nous entraînent dans une ronde sans fin. En avant pour
l’aventure tonnerre de Brest. La forêt de Houelgate nous
attend avant que cette superbe journée ensoleillée
commence à laisser la place au couchant. Cette forêt
mystérieuse remplie de sorcières, fées, d’une pierre
tremblante et autres... est sans aucun doute très belle mais
à éviter le dimanche si vous voulez ne pas côtoyer les
promenades familiales. Ce site est devenu si touristique
qu’il n’est malheureusement pas toujours respecté par les
visiteurs.
Nous ne regrettons pas notre découverte , cet échantillon de la Bretagne ...Merci Pierre !
(comme on dit : Rendons à César ce qui lui appartient.) Le coucher de soleil nous annonce
qu’il est temps de rentrer, nous nous arrêtons à Vannes pour en admirer les couleurs rose
orangé sur fond bleu et ce soleil breton incandescent. Nous goutons là nos derniers instant
de repos car une semaine chargée nous attend à Kerguéhennec....
Lors d’un accrochage de peintures ou de photos des plus compliquées, il s’agissait, à mon
avis, de calculer l’emplacement, la distance entre chaque pièce et de percer le mur pour les
y accrocher tout en gardant une cohérence et sans perdre son sang froid ni être gagné par
une crise de nerf devant des « calculslabyrinthiques ».
Nous y voilà. Lundi et mardi, comme to us les matns, rendez vous à 10h pour le Café à
l’accueil de la bergerie (ou nous passerons les deux prochains jours). Après, la journée peut
commencer! Fred « régisseur en chef » nous met au pied du mur, c’est le cas de le dire !
Panique à bord : des photo s encadrées, deux de même dimension qui n’en font qu’une, avec
un léger espace + deux autes photo s de tailes diférent s mises l’une sur l’autr e avec un
espace et le dernière d’un format plus petit.
Le tout sur la même ligne d’horizon. Je pose donc la longueur du mur - les dimensions des
tableaux + les espaces : par 4 + la racine carré d’un mur qui s’évase +.... là nos esprits
commencent à chauf er, on ne sait plus faire de calcul mental. Obligée de to ut poser sur
papier, de vérifie er avec la calculet e du téléphone et de crier Fred « au secours ! ». Je
comprends que là où les casse- têtes chinois commencent, là fini le plaisir de recréer une
pièce selon les instuctions de l’artiste !
Pierre qui est part travailler avec Marianne fxe une grande toile sur un mur : facile, mais ça
va se compliquer pour eux : je l’appelerais même : « mission impossible », ou comment
occuper deux stagiaires et calculer le temps de résistance à la crise de nerf !! Comment faire
tenir 4 cadres format A4 collés l’un à l’autre avec un seul point de fixaton pour chaque photo,
puis entortiller un fil de fer servant de sécurité, entortillé à la dît vis sans faire bouger les
cadres voisins et en étant toujours de niveau ça va de soi! Résultat des courses une après
midi sur un infernal accrochage mais pas de crise de nerf...même pas mal !
Conclusion : les artistes ne pensent pas toujours, s’ils ne l’ont jamais vécu, aux stagiaires ou
aux régisseurs,... à ceux qui accrochent leurs créations après !
Pendant ce temps, Dorohée et moi, nous installons 10 sculptures en bronze d’Anna Rota
à accrocher au mur, toutes semblables et différentes à la fois. Accrochage moins mental
mais plus physique et nous prenons de l’assurance avec la calculete, le niveau, les mesures
et les murs pas droits...
Jeudi : jour « j » moins 3 ! Nous arrivons ce matn au châtau et découvrons que 3 salles ce
sont accrochées toutes seules pendant la nuit, la Bretagne et ses mystères !
Pendant que Pierre contnue d’accrocher la série Christian Boltanski, Inventaire des
objets ayant appartenu à une vieille dame de Baden-Baden, 1973. 48 photographies
noir et blanc avec cadres métaliques 22,5 x 35 x 4 cm (chaque) nous calculons et
plaçons les points à percer pour la colonne de phot s de Mel Bochner Transparent and
opaque #1-12, 1968. 12 photographies couleurs 40,5 x 50,5 cm chaque (cidessous).
Les quatre murs de cette salle sont pleins de photo s. Je pense que c’est
trop chargé par rapport à d’autres
beaucoup plus légères... peut-ête aurait- il fallu une salle plus grande où le spectateur
puisse prendre assez de recul... ou en placer dans la sale à coté.
Est-ce que ça aurait été possible? Qu’est ce qui a pu motver ce choix, l’intention de
Frédéric Paul était-ele juste ment de jouer sur cet e surcharge en exposant ces photos
ensembles ?
Enfi n je sens Fred se décontr acte r,
accoudé en haut de son échel e qui fait au
moins 3 mètr es, il regarde paisiblement le peti t corps de bal et que nous sommes
intrprétant
Vendredi nous fi nissons l’accrochage, la mise en place des socles sous lesquels nous posons les sculptures de Luís Noronha da Costa, Sans titre, 1968. Bois, refet sur verre et peinture acrylique 30,2 x 35,4 x 18 cm que nous metons sous cloche, ainsi que des derniers tableaux, dessins sous verre et rebouchage du tr ou béant d’un mur dont le plâtre s’est retouvé par trre du côté couloir ! Nous faisons la connaissance du directe ur du musée de Sérralvès de Porto : João Fernandes, c’est un homme qui
respire la joie de vivre, je me permets de rester à table pour prendre des notes sur ses explications sur la vie de Manuel Alvess. João Fernandes à cette qualité de nous transporter, par ces propos, à la renconte de cet artiste et de nous faire découvrir cette personnalité :
-« Manuel Alvess ne disait pas qu’il était artiste. Il travaillait dans la publicité. Il était dans la
vie, tel qu’on le voit sur les photos. Marié, trois enfants, il vivait dans une chambre de bonne
où il avait stocké toutes ses créations. Il ne fréquentait pas trop le milieu de l’art, il préférait
créer. Il y a trois ans il a fait sa première exposition à Porto. A la conférence de press e
aucun journaliste n’a remarqué qu’il portait des lunettes sans verres ! Il s’amusait aussi à
envoyer à des amis, comme à des inconnus, son numéro de sécurité sociale tamponné sur
des feuilles de marronnier. On retrouve dans son oeuvre un certain humour, un grain de folie.
Bon vivant, il aimait les femmes qui le lui rendaient bien. Manuel Alvess ne vivra jamais de
son art, et ses enfants étaient émus de découvrir l’oeuvre de leur père après l’exposition au
musée Serralves. »
Après cet intrmède, nous returnons travailler. Les finitions prennent toujours beaucoup de
temps. Un peu de ménage s’impose et on fni à 20h30 après avoir aidé Antony et Fred à
enlever tous les cartons et les outils du château. Nous pensons retouver Pierre et Marianne
qui nous rejoignent pendant que nous préparons le repas nous expliquant qu’ils avaient eu
des difficultés avec les cartels.
Samedi à 15h à lieu le vernissage et le repas est à 12h 30 ! Reste des cartels à faire...
Pierre et moi nous y colons, c’est le cas de le dire. Pour faire au plus vite et le plus d’équerre
possible, j’essaye de coller le carton plume aux photo copies autocollantes, pour découper
plus facilement l’ensemble au cuter. Nous arrivons plus facilement ainsi et nous finissons
pendant que Dorotée et Marianne les installent !
Je fais un dernier tour dans le parc à la recherche des dernières sculptures que je n’avais
pas eu le temps de voir. L’heure du repas est déjà là! Il ne reste plus beaucoup de temps
avant note départ. Le temps de dire au revoir à tous ceux qu’on l’on a cotoyés pendant ce
séjour. Sylviane qui nous gâtait tous les midis et à quate heure. Aux nouvelles amitiés qui
se sont créées. Dire merci à Fred d’avoir su nous « supporter » ! Et surtout Antony pour qui
le calvaire contnuait le soir, avec humour et bons petts plats! Stéphane que l’on remercie
pour avoir pris soin de nous déposer à la gare... quoique je serai bien restée plus longtomps!
Merci à toute l’équipe de Kerguéhennec et à son directeur Frédéric Paul ainsi qu’à
l’instgateur de ce stage (il se reconnaîtra) pour cette merveilleuse expérience.
1 commentaire:
Il semble que vous soyez un expert dans ce domaine, vos remarques sont tres interessantes, merci.
- Daniel
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