jeudi 22 avril 2010

Hélène Agniel et Eve Maillot (anciennes étudiantes)

Communiqué de presse
Eve MAILLOT & Hélène AGNIEL
Exposition à la chapelle Saint-Etienne d’Issensac
du 18 juin au 01 août 2010
vernissage le 18 juin 2010 à partir de 18
Intervention poétique de Shanshan le 18 juin à 18h30

Pour la cinquième année consécutive, l’association Le Passe Muraille et la Galerie AL/MA s’associent pour inviter deux jeunes artistes à investir la chapelle d’Issensac : Eve Maillot et Hélène Agniel. En partenariat avec la Maison de la poésie, cet évènement donnera l’occasion de voir et d’écouter une lecture/action poétique du poète et calligraphe chinois Sun Shanshan.

Eve MAILLOT & Hélène AGNIEL

Avec Hélène Agniel, nous avons choisi d’investir la chapelle de Saint-Etienne d'Issensac dans un dialogue sensible autant que plastique. Selon le schéma même de la chapelle, nos deux interventions dessinent une croix qui guide les regards et la déambulation autant vers la verticalité que l'horizontalité, tout en en offrant une lecture visuelle et spirituelle.

Un tapis de sel attire et oriente les pas des visiteurs : du seuil vers l’autel (de l’occident vers l’orient), il devient chemin de lumière et sel de la vie se révélant aux derniers rayons du soleil. Une porte de sucre vient en contrepoint, évoquant d’autres symboles - complémentaires ou contradictoires ?

Le sel tout comme le sucre ont été inscrits, depuis l'antiquité, dans les pratiques religieuses païennes puis chrétiennes. Si le sel protège et conserve, évoquant ainsi ce qui résiste à la putréfaction de la mort, il est d’abord ce qui ajoute aux qualités naturelles des choses, leur saveur spirituelle. Comme si l’œuvre de l’esprit plus que celle de la chair savait résister au temps.

Le sucre, lui, selon la symbolique traditionnelle des Vanités, associe à l’attrait de la douceur la fragilité. Architecture dérisoire, le mur, discret et massif à la fois, ne sera là qu'un temps : la caducité des choses est inscrite dans leur suavité.Le tapis de sel, voie attrayante et interdite (par son statut même d'œuvre d'art), conduit vers l'autel où sont disposées trois flammes presque impalpables. Ces flammes évoquent le martyre de Saint Etienne : vénération « in absentia » du saint.

Minimales par le choix des matériaux et de leur disposition, ces œuvres fonctionnent en écho les unes des autres ; et dans la semi pénombre de la chapelle, le blanc, dominant - sel et sucre - amène à une nouvelle luminosité et perception du lieu. Et en retour, il interroge la manière dont nous y inscrivons notre pratique d’artiste.

Nos installations, à la fois « in situ » et éphémères, en questionnant la permanence des choses, leur présence-absence, questionnent aussi la pérennité des œuvres d’art. L'artiste accepte le parti pris de la fragilité, de la vulnérabilité de l'œuvre et de sa disparition programmée. Contrairement aux œuvres tangibles et solides, qui existent indépendamment du lieu et du temps d'exposition, ces installations in situ, nous conduisent de l'idée du solide, du stable et du durable, à celle de répétition potentielle du geste.

Pour le visiteur qui appréhende ces œuvres, surgit en même temps l'inattendu; au-delà de ce qu’il perçoit, il est projeté ailleurs, confronté pendant une fraction de seconde à des analogies et associations d'idées qu'il ne maîtrise pas. C'est dans ce mince espace-temps ouvert puis aussitôt refermé que réside la surprise provoquée par la rencontre de ces pièces.

Pourquoi intervenir à deux ? J'ai invité Hélène Agniel à intervenir avec moi dans cette chapelle, car nos pratiques d’artistes sont proches : minimalisme, couleur blanche omniprésente, pureté et légèreté des réalisations et nous acceptons l’une et l’autre des installations in situ éphémères. Les premières photos que j’ai vues de la chapelle m'ont donné envie de travailler sur sa 'lumière intérieure' : il y avait un très beau tapis de soleil qui entrait par la grande porte. J'ai d'abord demandé à Hélène Agniel de placer des vitraux réalisés en sirop de sucre-glace, mais je lui ai finalement laissé le choix de son inspiration, faisant confiance à nos 4 années communes d'atelier, ainsi qu'à notre connaissance et compréhension du travail de l'autre. Nous sommes ainsi arrivés à ce jeu du sel et du sucre, variations sur le blanc et le goût des choses.

Eve Maillot

Liens: Hélène Agniel Eve Maillot


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