jeudi 7 avril 2011

Mathieu Telinhos (4ème année) a fait un stage avec Christophe Honoré



"Pour ma 4e année des beaux-arts, j’ai souhaité réalisé un stage proche de mes références artistiques. J’ai donc fait une demande au près d’un artiste dont j’affectionne le travail, le réalisateur français Christophe Honoré (Ma mère, Les chansons d’amour, Non ma fille tu n’iras pas danser, L’homme au bain). Ma candidature a été retenue. Mon stage a commencé vers le 3 mars 2011 sur Paris, pour une durée de deux semaines. Il était question de voir l’évolution de son dernier film « Les Bien Aimés » en post production –générique ; montage son- et parallèlement essayer de réaliser avec lui quelques visuels pour son intervention à un colloque de Rennes.

Très vite nous avons pris la décision de s’intéresser à l’idée de l’autoportrait –car c’est un point que j’aborde dans mon propre travail photographique- et que l’on retrouve dans son roman « le livre pour enfants ». Je lis alors très vite son livre et sélectionne des passages susceptibles de m’intéresser pour les mettre en image. Nous voulons mettre en scène des moments de sa vie sans qu’il n’apparaisse sur aucune d’elle. Un exercice qui a été difficile quand on sait qu’il relève de l’autobiographie. Que le livre est plus douloureux qu’il pourrait paraitre, surtout quand il s’agit dans parler directement avec l’auteur.

Je vous propose ici de lire des extraits de passages que j’avais sélectionné, analysé et envoyé à Christophe Honoré.

J’ai essayé de structurer au mieux pour être sur, que ce que j’avançais, n’était pas totalement dénué de sens ou en tout cas que ça ne s’écartait pas de l’idée de l’autoportrait. Je vais écrire encore, et encore plus, au risque de vous en abimer la vue et affaiblir votre patience. mathieu


Si on part dans le concept de l’autoportrait, la notion de «narrateur homosexuel» pourrait servir car elle ne s’exclue pas de notre sujet. Je pense qu’à sa mise en image, on pourrait s’appuyer sur ce que vous dites dans la page32-33 « La narration homosexuelle, c’est l’adolescence retrouvée. C’est l’inachèvement, le sale et le beau, c’est l’utopie désespérée, la grande force des corps et leur très grande vulnérabilité. » Alors dit comme ça, ça n’éclaire pas grand-chose mais ça ouvre sur le champ de l’adolescence et là on peut prendre en référant quelques éléments du livre traitant de cette période de votre vie.

-le passage où vous devez traverser un parc pour aller à votre chambre de pion. C’est surtout en termes de lieu que je trouve ça intéressant. « L’air de rien, prendre les allées qui serpentent entre les buissons »

- la trace photographique est un élément que l’on le retrouve dans la scène de l’accident quand vous pensez à votre mort et à ce que vous laissez derrière vous « Je pense aux photos que je laisse derrière moi […] que je réservais à qui ? Un cinéaste […] photographe professionnel ? »

Comme vous avez pu m’en parler hier, la mort trouve sa place dans votre travail. Il serait peut être intéressant donc de l’aborder. Mais j’ai pensé qu’il serait bien de l’aborder dans des contextes rassurants, apaisants comme il l’est parfois question dans votre livre. (Dites-moi si me trompe).

-une chambre, un lit. Vous décrivez la chambre comme « l’exacte réplique du monde, un amour si pur qu’il disparaît le temps d’une cigarette.» Page33, un lieu que l’on retrouve dans un de vos souvenirs décrivant «la mise en scène funèbre» de Vincent allongé sur son matelas. « Matérialisation d’un de mes vœux, leur mort est réelle […] je les trouve tous formidables » Page74. La chambre pourrait être un endroit exploitable pour mettre en scène une mort. « Parce que nous avons tous disparu depuis mes dix ans. Mon père le premier, puis la sœur folle, puis trois oncles, et mémé. Tous enterrés. Et moi aussi, je suis mort » Page 34.

-le bras de votre père. « Je meurs dans les bras de mon père. J’aime autant ces bras-là. » Page53. Ce contexte là est surement plus délicat à traiter dans le cadre de quelque chose de visuel, ça pourrait paraître trop démonstratif, trop lourd de sens dans une photographie par exemple, mais j’aime l’idée d’associer la mort à des contextes rassurants. Ou peut-être la mort n’a-t-elle simplement rien d’effrayant. « «Je vais mourir. Aucune peur, mais de l’excitation. » Page53. Envisager peut-être de montrer la mort comme un état, non pas que l’on attend, mais que l’on accepte.

Voici quelques extraits d’échange que j’ai eu avec lui. Nous en avons parlé. Je lui ai fait part de mes réserves, ma difficulté à me projeter dans des sujets aussi personnels, chose qu’il a naturellement compris. Nous avons pas mal tourné en rond et avons fini par abandonner le livre et l’aspect trop théorique de notre démarche. "


Mathieu Telinhos pour Christophe Honoré



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