dimanche 23 octobre 2011

Conférence de Alun Williams en salle de conférence à l'ESBAN

NB : M. Alun Williams gère plusieurs programmes de résidence à travers le monde (Londres, New-York, etc..) suceptibles d'intéresser les anciens étudiants.

Ces derniers sont donc les bienvenus!!


CONFERENCE/

RENCONTRE

JEUDI 27 octobre à 16 h 15

ALUN WILLIAMS


Tout en menant son travail de peintre, Alun Williams a toujours eu une activité de curator.
Il est ainsi à l'initiative de programmes de résidences et d'expositions : à Nîmes où il est l'un des fondateurs de la Vigie en 1992, A Marseille où il crée Triangle-France en 1994, en relation avec Triangle à New York, dont il est membre du comité de direction. Depuis 2000, il est le directeur de Parker’s Box, galerie d’art contemporain, qu’il a ouvert dans le quartier de Willamsburg à Brooklyn,New York.


Un monde dans une coquille de noix...

L’oeuvre d'Alun Williams réinvente à sa manière la peinture d'histoire. Il n'est pas question bien sûr de revenir comme aux XVIIIe ou XIXe siècles à de grandes fresques qui magnifient les aventures de tels prince, roi, pape ou empereur par le traitement d'événements divers. Exit Paul Delaroche, Hippolyte Flandrin ou David. Ici l'histoire est abordée au travers de ces formes/personnages qui,au-delà de la recherche initiale et hasardeuse (dans la rue du même nom ou dans le lieu de vie du défunt), nécessite de véritables investigations sur leurs caractéristiques propres, leurs anecdotes de vie, leurs « profils » comme on dit lors d'une enquête policière. Tous les personnages sont choisis en fonction de leur vie imaginative ou riche d'inventions au sens propre comme au sens figuré. Ce n'est pas pour rien que l'on retrouve Jules Verne, Edgar Poe ou Antonio Meucci (inventeurs de fantasmes scientifiques ou psychiques bien divers), mais aussi Julie Bêcheur, Hester Leisler-Rynders, Giuseppe Garibaldi ou John Adams (personnalités politiques et révolutionnaires aux vies multiples,Joseph Gaultier (héros éclairé de son temps), tout comme Victorine Meurent. 
On croise ainsi de multiples facettes d'existences aussi denses que variées. L'histoire n'est donc pas traitée comme une héroïque (et valorisante) composition, mais comme un puzzle dans lequel des personnages peuvent se croiser (au gré de leurs aventures réelles ou imaginées par l'artiste), comme croiser d'autres héros représentés sous leurs traits ressemblants ou sous leurs caractères sublimés. Toutes ces taches font du coup penser à Zelig, ce personnage de Woody Allen qui, sous l'aspect réel de son auteur, s'immisce dans toutes les manifestations de l'histoire, toujours entre deux situations ou deux personnages célèbres, tel un témoin/acteur de chaque événement marquant de notre mémoire. Audelà de l'aspect burlesque et ironique (notamment sur son personnage peureux et faiblard qui devient un héros universel, il y a chez le cinéaste américain une invention d'archives originales de l'histoire, notamment grâce à des rapprochements que nul n'aurait pu imaginer. 
Il en va de même dans les tableaux d'Alun Williams qui jouent justement avec ces rapprochements incongrus, ces situations absurdes où l'on peut retrouver par exemple «Joseph Gaultier devant le prieuré de La Valette-du-Var où il vivait, John Adams devant l'hôtel particulier à Paris où il a été le premier ambassadeur des États-Unis en France, Julie Bêcheur dans les jardins de Versailles, ou encore Jules Verne devant la maison à la tour dans laquelle il a réalisé presque toute sa production littéraire.Tout cela est très logique et littéral à la fois, mais, puisque la tache existe, et se "détache" du contexte où elle a été trouvée, elle peut se détacher aussi de tout contexte fixe dans le temps et l'espace. En effet, pour moi, rien n'empêche cet élément de peinture de se balader à travers le temps et l'espace, emportant avec elle le personnage qu'elle "représente". De cette façon, elle peut amener Jules Verne dans un paysage de science-fiction, à visiter la piscine de Charles Aznavour des années soixante, voire même, le placer devant un fond abstrait de couleurs vives (il s'agit quand même de Jules Verne !). De la même manière, John Adams peut s'intéresser aux campings des années soixante-dix (en rapport peut-être avec ses préoccupations sociales), et Julie Bêcheur aux concours de beauté des années quatre-vingt, (en raison de sa curiosité innée dans ce domaine).»1

Eric Mangion

Extrait d’un texte d’Eric Mangion dans le catalogue d’Alun Williams qui paraîtra à l’occasion de son exposition Jules, Victorine, La Fornarina et Le Psychologue - 19 novembre - 17 décembre 2011à la galerie Anne Barrault, Paris.


www.galerieannebarrault.com www.parkersbox.com www.trianglefrance.org/

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